Nous récupérons petit à petit nos heures de sommeil. Les enfants sont dans leur paradis aquatique et bientôt des écailles pousseront sur leurs corps.
Reste la question de Noël. A cette heure ci en Belgique, je suis normalement encore dans une dernière boutique à la recherche d’un cadeau (souvent pour mon papa) et je ressort avec une belle paire de chaussettes de marque car ça sert toujours. Après ça, je passe le restant de ma journée en cuisine à préparer le repas de Noël avec mes soeurs et ma maman et on se met sur notre 31 en triple vitesse afin d’être à l’heure pour le réveillon. Depuis des années je n’ai jamais raté un Noël en famille et c’est la première fois que je ressens comme un vide. Nico est ravi, il déteste Noël. Les enfants n’y voient que du feu. « C’est Noël aujourd’hui, maman???? On est quand-même pas en hiver? » Finalement ils sont ravi d’être en maillot toute la journée et ne pas avoir une maman qui les houspille pour s’apprêter et ne plus bouger après de peur qu’ils froissent et salissent leurs beaux habits de fête. Ils n’ont même pas demandé une seule fois après un éventuel cadeau. Je lance un appel skype avec la famille et je les vois tous beaux, chics avec un verre de champagne en mains. Les 100000 cadeaux autour du sapin, le feu ouvert et la belle table. Quel contraste!
Talitha se retrouvent seuls aussi et on décide de manger un bout dehors tous ensemble. Ils font partie de notre famille maintenant. Les enfants sont comme des cousins, Nat pourrait être ma soeur et le caractère de Nico ressemble furieusement à celui de Cédric, c’est sûr, se sont des frères. Un petit jeune seul, Paul se joint à nous au resto. Un gars super sympa, bateau-stoppeur, que nous avons rencontré sur le bateau Genesis et qui a fait la transat avec Sea You.
Il est 19h et on débarque tous dans les rue de St-Anne. La petite église sur la place est remplie de fidèles et de non-fidèles d’ailleurs. Par curiosité, je me laisse porter par une messe créole en espérant entendre de la musique gospel mais après 1/2h de chant lyrique religieux, je quitte ce lieu dit Saint et je rejoins les enfants, qui avaient décroché depuis longtemps, sur la petite place. Les hommes sont partis nous réservez un petit resto et c’est là que le bas blesse. Un soir de Noël, débarquer à 10 et avoir de la place dans le resto de notre choix, c’est rêver en technicolor. Du coup, nous étions contraints à accepter une dernière table dans ‘l’établissement’ que Nat et moi avions bien critiqué la veille, tellement l’ambiance nous semblait glauque. Pas grave, on est très bien accueilli par la patronne créole et on s’installe autour d’une table de jardin en plastique avec une belle toile ciré bien kitch dessus, de la musique de Noël créole, le tout dans une atmosphère lumineuse qu’on adore, le bon vieux néon. C’est surprenant mais je le prends comme une expérience de Noël unique en son genre. On nous sert du ragout de porc et du boudin, accompagné de lentilles, de haricots et une purée d’une de leur racine connue dont j’ai oublié le nom. C’était même bon et on s’est bien détendu finalement. On se rattrapera pour nouvel an.
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