Le départ

8-12-2017

C’était notre dernière nuit au ponton du côté Est mais elle ne m’a pas trop reposée. C’est le trac du départ. Je pars chercher encore quelques légumes frais et je les étales sur le ponton afin de les laver à l’eau vinaigrée pour éviter d’emporter nos ennemis préférés ‘les cafards’.

C’est beau toutes ces couleurs sur le pont. Dire que ça finira dans nos estomacs, broyé, digéré et rejeté par nos intestins et pour enfin terminer dans la mer qui nourrira d’autres espèces aquatiques que nous allons pêcher et finir dans notre assiette et ainsi clôturer cette belle boucle sans fin. On peut comparer cela peut-être à notre voyage, on savoure tous les jours et on en chie tous les jours aussi, et tout ce qu’on chie est recyclé en expérience de vie qui nourrit notre mémoire et qui nous donne de la force. La boucle se terminera malheureusement le 31 août 2017 mais les projet ne s’arrêterons probablement pas là.
Il est 16h, ce moment tant attendu, tant désiré. C’est grisant et l’appel de l’Atlantique me réjouit. Je ressens les papillons dans le ventre comme avant un examen, ou plus encore, comme un coup de foudre. Je vis presque que d’amour et d’eau fraiche et je plane. Nico, bien plus rationnel que moi, appréhende cette traversée et il est stressé à l’idée de ne pas pouvoir bien gérer son sommeil qui sera à partir de maintenant perturbé par des quarts pendant 3 semaines. Le bateau n’est sûrement pas parfait mais j’ai très confiance en Wind4Life et son équipage. Le goût du large est juste délicieux (peut-être un peu trop salé quand-même). Presque seule au monde, en harmonie avec cette nature qui, on le sait tous, aura toujours le dernier mot mais que j’écouterai avec grand respect. C’est l’heure de larguer les amarres, de faire nos aux revoir au derniers mohicans de Mindelo et faire quelques sourires à la caméra de nos amis de Larwin, les belges du voilier jaune. On croise notre fidèle bateau en croisière Talitha et on se canarde de quelques photos souvenir de ce départ mythique. On vide nos cartes téléphoniques Cap-verdiennes et appelons tous les gens qu’on aime et quittons le Cap-Vert sous un beau couché de soleil et je me suis jamais sentie aussi zen, émue et heureuse d’être là.