Wind4life en nav

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winD4life

Un tour de l'Atlantique en famille pendant un an à bord de notre voilier winD4life, un Sun Odyssey 42.1 de 1994.
Un projet de vie... Une aventure qui commence...
Bonne lecture,
Nicolas, Yaël, Yanic et Lola


mardi 14 février 2017

Des jours avec et des jours sans…

14-2017

Notre vie à bord n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Je constate que vivre ensemble et le savoir vivre est une gestion quotidienne et elle est laborieuse dans un espace aussi restreint que sur un bateau. Bizarrement, nous n’avons plus vraiment un rôle bien défini. Nous sommes sensés être des parents et Yanic et Lola des enfants, mais en réalité, nous sommes devenus une équipe, un groupe d’homo-sapiens, au quotidien à la recherche de la bonne place et attitude à adopter pour que cette petite entreprise puisse fonctionner au mieux. Les rôles s’attribuent de manière naturelle mais l’exigence d’une vie dans un milieu hostile, veut que tous soient capable de reprendre le flambeau dès qu’il y en a un qui pète les plombs. Et visiblement çà marche assez bien. L’envie de se jeter ou de jeter un être par dessus bord nous a tous un jour traversé l’esprit, mais heureusement, personne n’a encore valsé à la flotte. Elle est belle notre petite entreprise. Chacun doit prendre ses responsabilités peu importe l’âge qu’il a. Ce n’est pas si facile déjà pour nous, mais alors pour des enfants de 10 et 8 ans c’est encore une autre histoire. Régulièrement les enfants nous rappellent que c’est nous qui avons fait le choix de vivre cette expérience. On se rend compte qu’ils ne le vivent pas du tout de la même manière. Souvent on dit que si le parent se sent bien avec le projet  qu’il vit ou la situation dans laquelle il se trouve, l’enfant ne peut qu’aller bien aussi. Cette logique est faussé sur un bateau car nous leur demandons d’être très indépendants très rapidement. La confiance aveugle n’existe pas et je le redis, on ne triche pas sur un bateau. Les enfants sont des petits adultes. Tout ce qu’ils arrivent à gérer. depuis 6 mois est hallucinant. Je comprends tellement qu’ils veulent de temps en temps rentrer en Belgique pour se reposer.A côté de çà, c’est beau de voir qu’ils se rendent compte du luxe qu’ils ont à la maison.
Notre expérience éveille des rêves, des sens… Lola veut vivre sur un yacht. Elle nous a même imaginé une maison de retraite sur son yacht et du petits personnels s’occuperait de ses vieux parents grabataires. Elle vivrait seule ou éventuellement avec une copine. Sa copine c’est Zia mais elle adore les chevaux. Comment faire pour transporter des chevaux sur un yacht? En plus du crottin, ça pue. D’ici là Zia n’aimera peut-être plus les chevaux? Il y aura tout sur mon yacht. Un lave-vaisselle, une piscine, un bain, des grandes cabines, du wifi, un cuisinier qui fait que de l’américain frites et des desserts,… « Mais maman, c’est quel travail que je dois faire pour pouvoir m’acheter un yacht? » Une question saine à laquelle j’ai envie de répondre bêtement, médecin, avocat, ingénieur,… . Mais non, je lui répond: « Fais le travail que tu aimes et tu réaliseras tes rêves! »  « J’hésite entre docteur, artiste ou serveuse, maman. » Je souris. Pour le moment elle a tout d’une actrice et d’une avocate! Quel moulin à paroles, dévoreuses de livres, théâtrale, expressive  et pleine d’humour, toujours vouloir le dernier mot et à vouloir nous mener par le bout du nez. Il y a des choses de tous les jours qui l’insupporte comme par exemple, elle souffre du manque d’espace et veut retrouver sa liberté de courir dans un jardin quand elle explose.   Mais dans l’absolu je sens qu’elle vit très bien cette parenthèse d’un an. Elle s’épanouit fort dans ses jeux de Lego friends, barbie et la lecture.  Elle peut rester des journées entières dans son monde imaginaire. Elle aime aussi la présence de ses parents. Je vois que ça la rassure et que ça l’apaise. De temps en temps, elle en irait même à éliminer son frère pour avoir cette exclusivité.
Yanic c’est différent. Scout toujours! Prêt pour toute aventure et faire plaisir aux autres. Très mature il vit cette année à 200% et est très conscient qu’un jour nous allons devoir rentrer. Mais c’est clair dans sa tête, « quand je serai grand je partirai faire le tour du monde avec un copain ou une copine en espérant qu’elle aime la voile » Ici sa vie, ce sont les copains. Quand on les quitte pour 24h, son moral en prend un coup. Rester à 4 en famille ça l’ennuie. L’autre jour, le lendemain du départ de Fabian, il nous a fait une belle crise. Il a sorti ses crocs et il nous a balancé tout ce qu’il avait sur le coeur. »J’en ai marre de la vie sur le bateau et surtout d’être tout le temps avec vous! Nous dit-il en pleurant.» Serait-ce une crise d’adolescence avant l’heure? La vie sur un bateau les feraient grandir trop vite?

Les émotions sont décuplées sur un bateau. Tout ce qui ne va pas ou ce qui va très bien sont exprimés de manière forte et directe. Les maîtres mots sont: j’ai faim, j’ai soif, j’ai chaud, j’en ai marre, fait chier, je veux, fait ci, fait ça, je t’aime, câlin, c’est beau, j’adore, trop cool, c’est bon, … Des fois juste un mot et même juste un geste ou un regard suffit à se comprendre. Entre nous, notre manière de parler semble avoir un ton rustre et très basique, mais quand on vit non-stop ensemble depuis 6 mois, bizarrement se dire les choses avec des phrases à rallonge n’a plus de sens. A l’exception de moments particuliers de réflexion sur des sujets de vie, de philosophie, la richesse des mots et des phrases retrouvent tout leur sens.
Nous arrivons à St Pierre toujours en Martinique. C’est notre étape avant la Dominique. On profite des derniers rayons de soleil pour mettre le pied à terre. St Pierre à été dévastée par l’éruption de la montagne Pelée en 1902. La ville a littéralement disparue de la carte et a fait 28000 victimes. La ville a été reconstruite autour de ses ruines mais me laisse perplexe. Le décor est fabuleux avec une vue imprenable depuis le mouillage sur le mont Pelée. Les fond sont minés d’épaves et en fait un haut lieu de plongée sous-marine. Au grand regret de Yanic, les épaves sont à plus de 30m et restent inaccessible pour lui pour le moment. Sans regret Nico décide de ne pas plonger non-plus mais de plutôt avancer vers la Dominique demain à l’aube. On ne peut pas tout faire…



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