Wind4life en nav

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winD4life

Un tour de l'Atlantique en famille pendant un an à bord de notre voilier winD4life, un Sun Odyssey 42.1 de 1994.
Un projet de vie... Une aventure qui commence...
Bonne lecture,
Nicolas, Yaël, Yanic et Lola


mercredi 21 septembre 2016

La traversée Lisbonne - Porto Santo

21-9-16 au 25-9-16
Auteur Yaël

8h30. Je suis dans la douche de la capitainerie avec Lola. Grand nettoyage avant les 5 jours de mer. A peine fini de me laver les cheveux, Nico me signale que le pont s’ouvre à 9h pile et que nous devons quitter dans 1/4h. Pas le temps de s’habiller, Lola et moi mettons notre serviette autour de nous et courons sur les pontons jusqu’au bateau. Le capitaine, David et Yanic rigolent! On est encore nue, mais au moins on est sur le bateau et ils ne partent pas sans nous, me dit Lola. 9h pile, le pont s’ouvre. Sur le coup, les minutes portugaises marines sont à l’heure!
On fait encore le plein de gasoil et bye, bye le continent, en route pour les îles…
On a du vent parfait, pas trop de houle. Tout comme il faut. Pourvu que ça dure. Un beau banc de dauphins offre un spectacle magique à tout l’équipage. On décide de sortir les lignes. Jusqu’ici, nous n’avons encore rien pêché mais avec le Parrain, expert en la matière, on a toute nos chances. David exprime qu’il est ravi d’être avec nous pour cette traversée et de vivre 15 jours avec nous sur W4L. Il aime la mer comme nous, mais n’a jamais vécu une expérience hauturière, et surtout vivre à bord avec une famille de 4 Darquenne, c’est quelque chose. Il y a toujours une petite affaire à faire et à vivre sur W4L… En fonction de la forme de l’équipage et de la météo, les horaires du petit déj, casse-croute et repas du soir s’adaptent toujours. Même le choix des repas s’adapte en fonctions des envies, et éventuellement de la ‘pêche’ du jour. David décide de relever les lignes. Les trois cannes sont dans l’eau, mais ce n’était peut-être pas la meilleure idée. Les lignes se sont entortillées et 2 cannes se sont emmêlées et l’hameçon s’est accroché dans notre beau pavillon belge reçu de notre ami tonton Antoine (sorry tonton, il y a des trous dans le fanion). Je croise le regard de David et j’éclate de rire. Comme je disais, il y a toujours une petite affaire à faire et nous voilà mis à la tâche la plus horrible, de dénouage de 20m de lignes…  Il faut du doigté et surtout de la zenitude. Malgré les 10 séances de mind fullness que Nico a suivi, j’ai vite compris que ce ne sera pas sa tâche. Ca doit être surtout un problème de gros doigts… 2h plus tard… Bon, on le coupe se p… de fil ? Nous avons déjà récupéré une dizaine de mètres et on est contents comme ça. Après, on se questionne un peu et on décide de ne mettre que 2 lignes à la fois et on attend la prise. On attend toujours la prise… On attend encore et toujours, et pas de poisson à cet hameçon… Bilan, on va trop vite pour faire de la pêche. Il faut dire que durant cette première journée de nav, on a atteint une vitesse de 8-9nds et pour la pêche, c’est trop.
La fatigue s’installe petit à petit. Nico et moi prenons un rythme de quarts qui semble nous convenir. Lui entre 21h et 1h et moi de 1h à 5h. La journée, on est contents d’avoir David aux commandes, pour l’intendance et autres activités (sportives) avec les enfants. Ce qui nous permet de faire quelques siestes durant la journée.



Deuxième journée et cette fois on n’a plus de vent. Il fait superbe. Nico communique avec Fabrice qui nous envoie régulièrement la météo des vents sur notre iridium. Pas brillantes les prévisions… On annonce pétole pour le restant de la semaine et qui dit ‘pétole’, dit ‘moteur’! Grrrr.
La journée se passe tranquillement, la mer est d’huile… On fait l’école, à manger, la sieste, la lecture, des jeux, des papotes et la ‘pêche’ bien sur! La pêche prends beaucoup de place dans la journée. On change les leurres toutes les heures et on fait de tas d’essais mais ça ne mord toujours pas! Les enfants sont découragés.
Nico somnole derrière la barre, quand soudainement il se réveille par le bruit de déroulement du moulinet. « Poisson, poisson! » On court tous à l’arrière et on commence à mouliner.  Les enfants sont déjà excités à l’idée de voir notre premier poisson au bout de la ligne. David peine à le remonter et pense avoir pêché un gros loustic. La bête se rapproche de plus de plus et puis un grand silence. On vient de pêcher un énorme morceau de plastic blanc et visqueux, déjà en décomposition. Encore un coup dans l’eau! On rejette le plastic à l’eau bien sur (Blaaaaague!!) et on remet nos lignes et on ne perd pas espoir! Nous avons nettoyé la mer encore quelques fois avant de pêcher enfin notre première ‘Bonite’. En tartare, cuit et en rillette, c’était très bon!







La nuit est splendide, on navigue sur un lac. Je fais mon quart et je profite… C’est fou comme la mer est plate et comme tout est calme. Je scrute l’horizon, pour voir si les cétacés ne viendraient pas montrer leur curiosité, mais ils avaient probablement mieux à faire. Pourtant, les seules petites vaguelettes, formées par l’étrave du bateau, sont toutes phosphorescentes, ce qui me fait dire que la mer est encore riche de plancton et qu’une baleine pourrait bien passer par là. Je descend faire pipi et je n’allume aucune lumière. Je pompe pour chasser et je m’amuse comme une gamine à regarder la cuvette qui scintille de plancton phosphorescents. Je suis un peu illuminée aussi cette nuit, mais je trouve ça magique! C’est la première fois que je profite de mon quart et du luxe du temps qui passe. Le temps de vivre ses rêves et le goût du large. C’est fou, mais c’est ma vie aujourd’hui. « Le goût du large », titre d’un livre de Nicolas Delesalle, dont je site un extrait dans lequel je crois. « Le temps: tout était là, dans ces 5 lettres, cette simple syllabe. J’allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l’ordinateur, le téléphone. Pendant neufs jours, j’allais devenir un milliardaire du temps, plonger les mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J’allais me gaver d’heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer. »


Troisième jours, et quatrième jour toujours sans vent et on commence à être fatigués par ce bruit du moteur. On décide de l’arrêter de temps en temps, quitte à faire une journée de nav en plus. La pêche par contre fonctionne maintenant super bien. Les bonites et thons décident de mordre. Au total on prend 8 bonites et un thon. C’est le thon qu’on préfère… On rejette même 2 bonites à la fin car trop c’est trop. Un banc de thons vient nager durant une bonne partie de la journée à l’étrave du bateau et on essaie en vain d’en pêcher un en essayant tous les leurres que nous avons en stock. Mis à part une touchette, ils ne mordent à aucunes lignes! Pourtant, l’eau est cristalline et on les voit nager à 2m de fond. Soit ils n’ont pas faim, soit ils ne sont pas en mode chasse. David pense qu’ils se protègent d’autre prédateurs en restant près de notre coque. Pas bêtes ses thons… mais mon tartare de thon alors?


Le vent fini par se lever en fin de journée, une dernière nuit de voile et nous arrivons à Porto Santo. Il est 4 h du matin, on s’amarre et on est contents de se coucher encore quelques heures avant le lever du jour.

C’est dimanche, on est encore un peu vaseux de notre nuit blanche mais on décide quand même de faire un petit tour sur l’île après avoir fait les formalités à la capitainerie et rangé et nettoyé le bateau. On sent les bonnes ondes chaudes  de la vie des îliens. En se promenant dans le petit village, je vois une ribambelle d’enfants en train de manger une glace. Ils nous ont repérés et ils entendent qu’on parle français. Un premier contact s’installe et un peu plus loin, assis à la terrasse d’un bar, les parents viennent nous rejoindre et on s’échange nos expériences de vie à bord d’un voilier. Enfin, nous avons rencontré 2 bateaux familles avec au total 6 garçons entre 2 et 11 ans. Yanic est enchanté et Lola, la seule petite blonde entourée de cette troupe masculine, ne désespère pas de trouver un autre bateau avec rien que des filles. Ceci dit, elle s’est très vite intégrée au groupe et ça m’a rappelé les troupes de petits mecs à Wissant.


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