Wind4life en nav

Wind4life en nav

winD4life

Un tour de l'Atlantique en famille pendant un an à bord de notre voilier winD4life, un Sun Odyssey 42.1 de 1994.
Un projet de vie... Une aventure qui commence...
Bonne lecture,
Nicolas, Yaël, Yanic et Lola


jeudi 10 août 2017

On se rapproche!

10-8-2017

On est en mode convoyage. Nous calculons les jours qui nous restent pour remonter. Plus vraiment le temps d’attendre le vent idéal, la marée parfaite et le bon courant. On doit avancer, c’est tout. Du coup, la navigation sera vent au près et bords carrés jusqu’à Belle-Île. Le soleil brille comme au sport d’hiver. Il est fort et la crème solaire reste indispensable pour ne pas arriver fripés en Belgique. En tant normal, on se serait régalés à entendre le vent siffler dans les haubans et sentir le froid du vent du nord dans la face, à en donner la goute au nez. Là, je vois Nico dans son coin sans rien dire, emballé de la tête aux pieds, à rêver que ça s’arrête et de mettre le pied à terre le plus vite possible. Un appel de Talitha nous redonne du courage.





Arrivé devant la rade du port du Palais de Belle -île, nous sommes découragés par le monde qui navigue devant l’entrée, tous en attente d’une place au port. Après réflexion et non sans appréhension, on opte pour continuer notre route de nuit jusqu’aux Glénan. Le vent diminue et l’ayant vraiment pile dans la face, on ne tarde pas à mettre le Yanmar en route. Le ronron durera jusqu’au petit matin et finalement jusque dans le port de Ste Marine. Un gout de déjà vu, loin d’être déplaisant et même réjouissant. Le port est sympa, il y a de la place et surtout l’accueil chaleureux de nos amis Alain et Françoise l’année dernière, nous a motivé à faire escale ici.



Quand ils nous ouvrent leur porte de maison, c’est comme si on s’était vu hier… Les enfants se jettent sur la table de ping-pong, et nous sur notre verre de mousseux. Au menu, thon et espadon… miam miam. Le retour à terre a bien débuté! Et ce n’est pas fini. Prochaine étape demain, Camaret, à la rencontre de nos amis les Van Diest qui se déplacent de 700 bornes pour venir nous voir. Que d’excitations encore à venir sur W4L avant de passer la ligne d'arrivée officielle le samedi 19 à Nieuwpoort…



Les dernières lessives...

mercredi 9 août 2017

Toujours dans le vif du sujet

9-8-2017

Eau salée, vents et marées, courant et gite, seules petites différences… gros pull, veste de quarts, pantalon de voile, bonnet et bottes. Cette partie du voyage reste à mes yeux la plus compliquée. Les navigations sont rudes et j’avoue qu’on en a marre de faire des milles.


Encore une trentaine de milles pour arriver à Pornichet, heureusement, on y verra ma cousine Marine et son mari Laurent. C’est plus motivant quand il y a un but à l’étape. L’étape sera courte, mais intense en retrouvailles. À peine amarré, les embrassades sont longues et fortes, et des tas de choses à se raconter. C’est bon de revoir la famille. Marine et Laurent sont accueillis avec un verre de vin blanc sur W4L et la soirée se prolongera à la crêperie du coin, avec du cidre et des galettes à profusion. Lola ne veut plus remonter sur le bateau, mais dormir chez Marine et Laurent. La tentation est grande, mais si on fait ça, le bateau restera définitivement à Pornichet. Il ne faut pas gouter trop rapidement au luxe que la vie terrienne peut nous offrir. Allez, plus que 10 jours à tenir…



dimanche 6 août 2017

L'île d'Yeu

 6-8-2017

Nous cherchons Talitha sur les pontons. Ah oui, c’est vrai, ils sont rentrés. Plus de boite à conserve pour faire une excursion avec nous. On se sent un peu comme des extra-terrestres avec notre 42 pieds au pavillon belge, dépassant tous les autres bateaux du quai à port Joinville. Une île toute mignonne, ses petits commerces et crêperies sympas, son petit marché aux produits bio. Et puis il y a les ‘touristes’. Des touristes se baladant à vélo en chapeau, chemise, bermuda et espadrille. Pour nous c’est encore la mode tong, t-shirt et maillot. Nous fouillons dans nos armoires à la recherche de fringues convenables. Nico fini par trouver un bermuda (zut, déchiré et délavé), un polo (mince, le col est abimé) et aux pieds, et puis merde, les tongs feront l’affaire. Moi, je sors mes espadrilles toutes neuves, elles sentent le renfermer, mais elles ne sont même pas moisies. Un short en jeans neuf de la Corogne. Manque plus que le haut. Ce n’est pas brillant. Je cache mon t-shirt pourri sous un beau petit gilet rose, un petit foulard et je file faire quelques boutiques me trouver un petit ‘top’ sympa. Yanic, n’en parlons pas. Tout est bon pour la poubelle. Avec son look surfer, on va dire qu’il a le droit à être crado. Lola, c’est la seule qui a une garde-robe remplie, mais qui ne trouve jamais son bonheur. Pas facile le retour à la civilisation. Nous voilà repartis mal sapés dans la foule de vacanciers à la recherche de loueur de vélo. Après quelques établissements, on tombe par hasard sur ‘La Trottinette’. Il s’avère que nous sommes tombés à la bonne adresse. Notre famille royale est venue louer des vélos il y a quelques jours. Je rigole… Ça doit être le moins cher de l’île.




 8-8-2017
Aux grandes joies de tous, nous avons gardé la forme. Nous parcourons toute l’île à l’huile de cuisse et ça fait vraiment du bien. On se ressource et c’est paisible. On s’offre de bonnes choses à manger. Des galettes, des crêpes, du bon pain et du bon fromage. On apprécie la facilité. Par contre, il y a un truc auquel je ne parviendrai plus à m’habituer, c’est ça…

Continuons notre tour à vélo. C’est bon de retrouver une nature encore assez sauvage non loin de la civilisation. Cette île est plutôt préservée et on y circule quasi qu’à vélo. L’air vendéen et revigorant et parfait pour y passer 3 jours. Demain ces routes vers Pornichet. Une étape obligatoire pour embrasser ma cousine Marine et y manger une crêpe en famille! On se rapproche, on se rapproche…

jeudi 3 août 2017

Dernier appel...Talitha, Talitha, Talitha de Wind4life...

3-8-2017

J’ai les boules, les boules, les boules! Yanic craque, puis moi, puis Nath, et c’est parti, 8 paires d’yeux qui se remplissent de larmes sauf Lola. La plus sensible de tous ne pleure pas. Elle est très très forte! J’admire sa capacité à passer à la page suivante. Sa tête est au retour. Elle l’attend avec impatience je dois dire. Elle en a ras bol des navigations et n’aspire qu’à retrouver sa chambre, son lit, sa maison, un américain frites, du thaï, sa copine Zia, sa famille et sa petite cousine Léa de 11 mois, qu’elle n’a jamais vue en vrai. Lola, tu me fascines, pas besoin de larmes pour me prouver ton empathie, ta gentillesse, ta sensibilité, reste comme tu es! On s’échange des embrassades et des bisous sans se dire un mot lors de notre dernier petit déj sur Talitha. Cédric largue la dernière amarre et c’est fini.




Enfin presque, la VHF et la connection 3G nous sauve encore de quelques heures. Les échanges continuent en WhatsApp et puis à l’iridium. Qu’elle est belle cette technologie finalement. Le Gascogne retour nous offre de belles conditions météo pour une fois. Ca chahute un peu au début, mais très rapidement nous prenons notre rythme de croisière avec un vent stable de 15 à 20 nds au travers. On file entre 7 et 8 nds et sous le soleil. Le rêve! Les dauphins viennent nous dire au revoir encore une fois et nous redonnent le sourire. Une splendide page est tournée… mais notre route n’est pas finie. On se donne encore quelques jours pour remonter et profitons de cette belle arrivée à l’île d’Yeu en Vendée. Il ne faut pas aller très loin pour voir des paysages magnifiques…





lundi 31 juillet 2017

Quand Bruxelles et Bordeaux se mélangent...

31-7-2017


Nous nous amarrons pour la dernière fois sur le même ponton que Talitha. Ils sont arrivés quelques heures avant nous au port de la Corogne. On aura jamais réussi à gagner la course entre Talitha et W4L, sauf en partant la veille. Sacré Maître Gabart à bord de cette boite à conserve! Certes, il y’a des différences entre une boite à conserve et une barquette de beurre en plastique, par contre entre un Bruxellois et un Bordelais, il y en a presque pas et la preuve, ça se mélange parfaitement. Même que le ‘une fois’ belge est une légende d’après nos bordelais. On ne l’a pas dit cette année apparemment. Nous avons passé plus de 300 jours avec des voisins bordelais et la petite touche landaise qui donne le chaleur de ‘l’accenge du sude’. D’apparence ‘bobos’ même ‘chic’, type ‘les petits mouchoirs’ en beaucoup mieux, derrière cette petite façade gentille et parfaite, ils se joignent à nous dans notre humour belge décalé, dégueullasse,  cru, et irrésistible.  Connaissant même les répliques de Dikkenek et de ‘c’est arrivé près de chez vous’ par coeur, comme nous les connaissons des bronzés.  Ils ont enrichi leurs vocabulaires, de mots et expressions usuelles belges et maintenant ils nous comprennent lorsqu’on parle de bonbons surs, d’être occupé à chipoter à son moteur, et de manger des couques et des pistolets au petit déjeuner. Sacrés français un peu ’ronchon’ (ça, ce n’est pas une légende quand Cédric ne se métrise plus, et se gratte tout le corps d’énervement), si attachés à leur histoire et à la langue de Voltaire, mais surtout hyper attachant quand ils rencontrent une famille belge, perdue dans les rues à Porto Santo, leurs offrant comme premier repas à bord de W4L, un ‘cheese & wine’, pardon, plutôt ‘un plateau fromage et vin’. On était loin du ‘diner de con’. La preuve, ils nous ont collé jusqu’à la fin, pourtant les fromages n’étaient pas très français. Une amitié Franco-Belge gravée à vie !





Depuis l’arrivée à la Corogne épuisé de la nav retour, on sort tous les jours jusqu’à des petites heures. On sort pour oublier ce moment tant redouté, la séparation. On pensait se séparer aux Açores, mais à chaque amarrage, on n’imagine pas que ce soit le dernier ensemble. Les tapas et la fiesta espagnole devraient me donner du peps, mais j’ai trop le cafard. Les enfants vivent leurs dernières heures ensemble et ne se quittent pas d’une semelle, jusqu’à les retrouver tous à dormir sur W4L pour la dernière nuit, sur le pont à en oublier que les nuits sont plutôt froides par rapport aux Antilles. Bordel que ça va être difficile demain…

Des îles au continent...

31-7-2017

J’écris le jour de la date d’anniversaire de notre départ. Cela va faire un an que nous sommes partis de Bruxelles avec W4L. Il y a 6 jours que nous avons quitté les Açores et faisons route vers la Corogne dans une ambiance détendue, sereine, calme, avec du bon vent, des enfants adorables, un capitaine tendre et doux avec sa biscotte. Je suis juste heureuse d’avoir réalisé un rêve. Pourvu que ça dure!






On commence à être des habitués aux traversées, à la mer et ses conditions changeantes. Je deviens une équilibriste hors pair en cuisine. Sauf quand Nico vient me surprendre avec un petit bisou dans le coup en s’appuyant sur le dossier de la banquette. Une vague de travers vient frapper la coque, une perte d’équilibre du capitaine et de sa biscotte amène ce petit couple aimant et enlacés, sur la table du carré après avoir entendu un gros crac. Les enfants sont morts de rire. Le dossier est mort aussi d’ailleurs, mais ce n’est pas trop grave. Quelques petits travaux nous attendent à l’arrivée… En attendant, plus moyen de se tenir en cuisine, mais ça ira, la mère nourricière à tout prévu. Les journées sont paisibles, le soleil nous donne encore de la chaleur et je suis même en maillot devant ma salle de bain bleue marine, prenant même une douche à l’eau de mer. Ce sera la dernière, l’eau devient vraiment trop froide. Nous sommes partis avec juste la citerne de 150 l d’eau douce remplie. La vache à eau à l’avant du bateau sous la couchette de Lola est morte. Elle perce. Partir avec que 150l d’eau douce nous aurait fait peur il y a un an, aujourd’hui plus du tout. On est devenu des as en économie d’eau douce, 40l en 7 jours. Au moins tu en as, au moins on en consomme. Allons-nous retomber dans le travers du gaspillage à terre? Les premiers jours, honnêtement je nevous cache pas que je prendrai des bains et des bains et je n’aurai même pas mauvaise conscience. Je pense  que je n’aurai plus besoin de faire des efforts pour être économe après avoir vécu une année en mer. Et c’est valable pour toute la famille. A travers quelques jeux, on a même révisé les maths de Lola et le résultat est concluant. Sa mémoire est plutôt bonne quand elle veut, c’est rassurant et mon travail d’instit improvisée aura servi à quelques chose cette année. Elle nous a sorti ses talent de styliste. Elle à repris son ouvrage de tricot laissé depuis des mois dans son armoire. De la belle laine dans des nuances de bleus l’inspire pour faire une petite laine pour se réchauffer le corps pour le retour vers le nord. Le but c’est de terminer son tricot avant l’arrivée à la Corogne. L’impatience prend le dessus et elle voit le temps avancer et elle se rend compte que faire un pull en moins de 7 jours, c’est ambitieux. Elle ne se laisse pas abattre et  avec un peu d’imagination et de bons arguments, son choix de tricoter un pull pour le nord, deviendra plutôt un petit ‘top’ corset pour l’été dans le nord. Il y a moins à tricoter, ça c’est sur. Le résultat est impressionnant…





Elle est fière de son nouveau look, de son ’top’ en laine couleur azur rappelant les mers que nous avons parcourues, de son short en jeans et de ses bottes jaunes. La classe, non? Je sais, mon ton est sarcastique mais entendons nous, j’aime son côté décalé, son caractère fort et sa personnalité unique, elle est juste parfaite mais elle m’étonnera toujours. Quand à Yanic, fidèle à lui même. C’était un garçon déjà grand dans sa tête, aujourd’hui c’est un homme. Hallucinant comme cette année lui a été si bénéfique. Ces rêves se sont encore élargis et à l’entendre, son avenir se profile comme une vie d’aventurier.  Ces yeux pétillent quand il en parle.


Nous sommes à quelques milles de l’arrivée. Je me rappelle encore très bien de notre arrivée dans le port de la Corogne l’an dernier, de nuit, dans le brouillard et sans pilote, après 3 jours de Gascogne. Je suis presque heureuse de revoir cette côte. Revenir sur nos pas permet de revivre mais, différemment, ces moments délicieux que nous avons vécus l’an dernier au même moment. Nous croisons des dizaines de bateaux qui partent vers le sud, comme nous l’avons fait il y a un an. C’est grisant d’y repenser. Nous sommes quasi seuls à remonter, enfin pas tout a fait. Un banc de dauphins vient nous titiller, donc quatre s’amusent pendant une dizaine de minutes à l’étrave. Ils filent sous l’eau, une fois sur le dos, une fois sur le ventre. Ils viennent nous regarder à la surface et puis replongent. On a même eu droit à un petit saut. On ne s’en lasse pas.



Revenir n’est pas si compliqué finalement.  Cette semaine c’est l’heure du retour. Le fameux ‘Retour’ que j’appréhendais. Mais quand on décortique ce mot, j’aperçois que dans ‘Retour’ il y a ‘re’ et ‘tour’. Pour moi c’est donc ‘re’parti pour un ‘tour’. Entendons nous, pas un tour à la voile tout de suite. Je parle plutôt d’un ‘tour’ dans ma vie, de nouvelles perspectives et surtout de nouveaux projets. Ce ‘Retour’ est un ‘projet’ en soi et je compte bien le réussir. Cette semaine en pleine mer, j’ai pris le temps de faire le bilan. Je pourrais faire une longue liste avec les plus et les moins de cette année extraordinaire, mais les plus d’un jour pouvaient changer un moins un autre jour et vice-versa.  Alors comment l’exprimer… C’est simple, faites-le! A la voile, à la nage, en marchant, en voiture, en caravane, en avion, en calèche, à cheval, à vélo, en trottinette, en train, à dos d’âne, peu importe le moyen de déplacement. Mais laissez vous transporter par la magie d’un voyage, vous en reviendrez gravement atteint, on est d’accord, mais tellement enrichi. Enrichi de mauvaise nuits, d’engueulades, de crises de nerfs, de fatigues, de larmes, de stresses inutiles, d’eau salée jusque dans les couchettes, de coup de soleil, de faunes marines urticantes, de petites blessures, de peurs, d’odeur de gasoil, de pannes en tout genre,  de bricolages, de perte d’annexe, de mauvaises nouvelles du continent, de désespoir, de quarts de nuit, de grains à 45nds, du manque d’eau douce, de mauvaise bouffe, d’abus d’alcool, d’expéditions lessives et avitaillements, d’avoir été souvent très mauvaise mère, d’abandon d’enfants quand on est happé par des américains en sortant du  Foxy’s Bar, de mauvaise éducation, d’aucune convention, de débauche, de ressembler tout simplement à rien et tout à la fois… mais évidemment enrichi de paysages fabuleux, de bons temps, de câlins, de tendresses, de mérites, de courages, de chaleurs et vitamine D, d’humanités, d’entraide, d’espoir, de simplicité et de belles valeurs.  Un voyage pareil, nous montre comme l’homme peut être si entier, sans tricherie, aimable, intelligent et surtout VRAI. A vos garde, pour ceux que cela pourrait effrayer… on rentrera VRAI, ENTIER et bien que tous devenus blonds, peut-être même INTELLIGENT! Mais la vrai richesse de ce voyage reste l’Amitié.  Pas uniquement les amis que nous avons rencontrés tout le long du parcours, mais aussi tous ceux qui sont restés à terre que nous n’avons jamais oubliés. Ce voyage nous a permis de nous rendre compte de la valeur des gens que nous côtoyons depuis des années, et c’est inestimable.