Auteur Nicolas
Notre bateau devra être suffisamment robuste et
spacieux pour vivre à 4 pendant un an. Je vise donc un bateau d'environ 40
pieds (12m). Il aura 3 cabines, afin que chaque enfant dispose de son espace et
les parents du leur. Son tirant d'eau sera de maximum 2m pour pouvoir entrer
dans les ports sans problème. Sa hauteur sous barrot sera suffisante pour que
je puisse m'y tenir debout confortablement. Idéalement il sera déjà équipé pour
le grand voyage : portique avec panneaux solaires pour être autonome en énergie,
une bonne annexe avec un moteur entre 6 et 10 cv pour se rendre à terre
facilement. Il aura une trinquette pour pouvoir réduire la voilure par gros
temps. Et pourquoi pas un bateau en alu histoire de résister aux chocs
éventuels. Évidemment il faudra qu'il soit bon marché, histoire de rentrer dans
notre budget serré.
Bref, je me mets en quête du Graal. À la Toussaint
2013, on décide de se rendre au Salon du bateau d'occasion du Crouesty, dans le
Morbihan, histoire de voir quels sont les modèles de bateaux qui pourraient
nous convenir. Je vends à la famille, l'idée d'une journée de visite du salon
et de 3 autres jours pour profiter des charmes de la Bretagne.
On arrive au salon, le premier jour à
l'ouverture , on le quitte à 19.00. On a visité plein de bateaux. Dans
notre budget on trouve de vieux pourris, des trop petits ou des bateaux pas du
tout équipés. On se laisse aller à regarder des bateaux qui nous plaisent plus,
mais ils dépassent de 20.000 à 35.000 € notre budget. Bref on décide de revenir
le lendemain pour continuer nos recherches. Finalement sur nos 4 jours en
Bretagne, on passera 3,5 jours au salon. On se rachète auprès des kids à coup
de crêpes et de sessions trampolines. Nos enfants sont devenus experts aux jeux
sur nos iphones respectifs...
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winD4life le jour de l'achat, avec l'expert |
Conclusion de ce premier séjour au Crouesty, le bateau
qui nous a fait craquer est un Océanis 393 de 2002. Il est lumineux, bien
entretenu et tout équipé. Il est évidemment trop cher, mais on trouvera bien de
l'argent quelque part... De toute façon on décide qu'on achètera pendant
l'hiver 2014-2015.
De retour à Bruxelles, je me mets à regarder les
annonces d'Océanis 393 et de 411 (son grand frère) de façon systématique. Toutes
mes soirées de libre y passent. C'est devenu obsessionnel.
Lors des vacances de ski de Pâques, je vois une offre
qui semble irrésistible, un 393 nommé Otemanu à vendre à Giens. Le vendeur est
pressé de vendre et vient d'encore baisser son prix. Je convaincs Yaël de faire
un petit détour de 500 km sur le chemin du retour pour aller voir le bateau. On
arrive donc sur le quai avec nos skis sur le toit de la voiture, on fait le
tour du bateau et comme on est conquis, le proprio nous propose une sortie en
mer. On passera les12h de route du retour à discuter Yaël et moi du prix
raisonnable à proposer au vendeur, sachant que le bateau n'a pas de place de
port et que les prix des places en visiteurs sont prohibitifs sur la Côte
d'Azur. Il me faut donc quelques jours pour prendre ma décision. Quand je
rappelle le vendeur, pour faire mon offre, il me dit qu'il vient de recevoir
une offre supérieure au prix qu'il m'avait demandé, son acheteur n'ayant pas
été mis au courant de la diminution de prix...
Un peu déçu, je reprends les recherches. Dans les mois
qui suivent je fais plusieurs offres qui ne sont pas acceptées et laisse donc
passer plusieurs autres bateaux, soit un peu cher, soit fort loin à visiter.
En septembre, je vois un 411 à Antibes qui m'intéresse
vraiment. Notre ami Antoine, qui a fait des années de voyages en voilier à son
actif et qui doit se rendre à Antibes, me propose de le visiter pour moi. À son
retour il me fait un débriefing complet digne des meilleurs experts maritimes.
Sa conclusion est sans appel : ce bateau est un peu léger et mérite pas
mal de réfections pour réaliser sereinement le programme que nous envisageons.
Tout est remis en question ! Je dois revoir ma liste de modèles de bateaux
susceptibles de nous convenir.
En novembre 2014, nous revoilà partis à nouveau pour
le Crouesty. Nous n'y trouverons aucun bateau qui réponde à nos critères. Sur
le chemin du retour, je fais un crochet par Brest où j'ai vu un 393 qui revient
d'un tour de l'Atlantique. Lors de sa visite, je suis convaincu qu'il faut un
bateau un peu plus grand, si on veut pouvoir caser les affaires de 4 personnes.
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Lola et Yaël au polish |
Je suis maintenant intéressé par le Dufour 41 classic,
le Sun Odyssey 42.1 ou 42.2.
En janvier 2015, je fais une offre pour un Sun Odyssey
42.2 amarré à Zeebrugge. À 2000€ près l'affaire ne se fait pas.
En février je trouve un Dufour 41 en Bretagne Sud qui
pourrait nous plaire. Sur photo tout est magnifique. On décide de s'y rendre
pour le visiter. Arrivé sur place, je suis séduit par le modèle de bateau, mais
l'exemplaire devant nous pue le moisi. Tout semble usé. Le portique est
brinquebalant et les voiles sont fatiguées. On se console par quelques jours de
ski improvisés dans le Massif central.
Le jeudi 5 mars 2015, Yaël est de sortie avec ses
copines. Je suis à la maison avec les enfants et regarde les annonces du jour
sur « le bon coin ». Je découvre un Sun Odyssey 42.1 basé à Dunkerque
qui me tape dans l’œil. Il a l'air bien entretenu, de belles voiles récentes,
un étai largable, un prix canon. Pour achever de me convaincre, Lola avance 2
arguments décisifs : « Regarde papa, il a une voile rose (le
spi) et il y a la télé ».
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La photo qui a convaincu Lola |
J'attendrai fébrilement le retour de Yaël pour lui
montrer l'annonce.
Le lendemain, je suis au bureau lorsque je reçois le
descriptif et les photos complémentaires de bateau. Je ne tiens plus en place
et quitte précipitamment le boulot pour aller téléphoner au vendeur. Il me
propose de le visiter le soir même, car il est sur place.
Nous arrivons vers 19.30 juste à temps pour le voir à
la lumière du jour. Il nous tape dans l’œil, boiseries claires et robustes,
intérieur lumineux, beaucoup de hublots. À 21h00 après une bonne heure de
visite et de questions, j'annonce au vendeur que je suis preneur au prix
demandé sous réserve de l'avis favorable de l'expert.
Dans les jours qui suivent, l'affaire est conclue...nous venons
d'acheter un voilier de 1994 qui n'est pas équipé pour voyager, dont le
gréement dormant est à revoir, l'électronique est dépassée, mais dont la
structure nous semble bonne. L'aventure peut commencer !!!
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Les enfants au travail |