Wind4life en nav

Wind4life en nav

winD4life

Un tour de l'Atlantique en famille pendant un an à bord de notre voilier winD4life, un Sun Odyssey 42.1 de 1994.
Un projet de vie... Une aventure qui commence...
Bonne lecture,
Nicolas, Yaël, Yanic et Lola


vendredi 28 avril 2017

San Juan

28-4-2017

Un city trip d’une journée à San Juan. Quel contraste! Nous voilà sur des autoroutes à trois bandes et des stations de péage. Depuis des mois, nous n‘avons plus vu ça. L’idée de se balader dans une ville me plait. Voir du monde, la civilisation, des parkings, des trottoirs, de la signalisation, des boutiques, un centre historique, des bons petits restos sympas, des bars, une vrai ville quoi. Nous visitons les forteresses de San Cristobal et del Murro. Des énormes remparts qui jadis protégeaient la ville des attaques de pirates. Les portoricains sont très sympas et accueillants. Nous nous laissons errer dans les ruelles de la veille ville et on s’arrête pour manger dans un bistro typiquement portoricain et on y mange divinement bien. Lorsque le choix de la carte devient laborieux, surtout pour les enfants, ils nous amènent des petits tapas pour nous faire gouter les différents plats de la carte. Du jamais vu et c’est juste très intelligent. On y sortira repus et avec la banane… On fait quelques emplettes et après un bon petit café portoricain, il est l’heure de quitter la ville.














Des pluies diluviennes s’abattent sur la route. le temps est orageux. Nous nous arrêtons devant le super marché pour avitailler tant que nous avons la voiture. On sort avec 2 chariots pleins et oublions que nous n’avons qu’une petite voiture et qu’il va falloir être fort au tetris pour faire rentrer 90 litres d’eau dans une minuscule chevrolet. On est fort au tetris et rentrons jusqu’à l’embarquadère la voiture remplie jusqu’au plafond avec 2 enfants coincés sur le siège arrière.
Il est 22h et débarquons les vivres sur le quai et attendons la navette. La navette arrive et nous re-déplaçons les vivres et plus 90 litres d’eau dans la navette. 10 minutes plus tard, rebelote, on fait la chaine et débarquons à nouveau l’avitaillement et l’eau sur le quai devant l’annexe. On charge l’annexe au maximum et je pars avec la première cargaison jusqu’au bateau et de l’annexe on débarque le tout sur W4L. Nico pars chercher le reste sur le quai et c’est reparti pour un tour. Entre le super marché, la voiture, la navette, l’annexe et le bateau aller retour, les vivres ont été déplacés bien 5 fois avant d’être rangés comme un puzzle dans le bateau. Il est presque minuit et on tombe tous de fatigue.


Le lendemain, c’est journée lessive pour les nanas et administrative et bricolage pour les mecs. Devant la petite île où nous avons mouillé, il n’y a qu’un petit port, un bar et deux tour résidentielles où nous pouvons utiliser la buanderie. Seulement 2 machines sur les 4 fonctionnent et évidemment on y passe l’après-midi. Je me mets en partage de connection avec le portable de Nath et on passe le temps à mettre le blog à jour. Les machines terminées, on repart avec nos sacs et le linge propre qui sent bon la soupeline. Je m’imprègne de cette fraicheur et douceur car d’expérience, ça ne tiendra pas longtemps, surtout qu’une nav de 3 jours nous attends et que l’ambiance salée et poisseuse revient à la vitesse de l’éclair. Autre petite astuce pour la paix des ménages. Après avoir laissé bricoler deux fauves dans un bateau entouré d’enfants hypra sages, un petit appel à la VHF s’impose. « Nico, Nico, Cédric, Cédric… de Nath et Yaël? » « Oui, on écoute » « On a fini notre après-midi lessive et on voulait voir si c’était le moment de rentrer? Sinon, on se boit un verre au bar juste derrière nous. » Maman, maman, c’est Oscar. Ne rentre pas tout de suite, buvez encore un petit verre car, comment dire, c’est encore le bordel sur Talitha. » « Oui, c’est Nico. Oscar a raison, sur W4L ce n’est pas le moment non plus, ne rentrez pas tout de suite les filles. Détendez-vous au bar. » Comme ils nous connaissent tellement bien… On s’installe au bar et Nath m’offre une petite corona que l’on sirote tranquillement en attendant le feu vert sur Talitha et W4L. La vie n’est-elle pas belle?

jeudi 27 avril 2017

El bosque nacional el Yunkue

27-4-17

Aujourd’hui, c’est une journée excursion dans le « el bosque nacional el Yunque ». Mais avant tout, on s’arrête dans un ship chandler pour acheter les guides hautements nécessaires des Turks & Caicos et des Bahamas. Sans ça, on va ira droit dans les récifs tellement ces îles sont truffés de patates de corail dans des eaux peu profondes. Nous y passons une bonne heure et commandons les guides car ils ne les ont pas en stock. En sortant il est déjà midi et nous n’avons pas le choix que de nous arrêter dans le 10ième Burger King que nous croisons sur notre route tellement les enfants trépignent d’envie. Welcome in America… Pour 16$, ils proposent un menu pour une famille de 5. Autant vous dire que nous comprenons mieux pourquoi nous nous sentons maigres et rachitiques en croisant des familles portoricaines obèses. La mal bouffe n’est pas chère, facile et très accessible.  Heureusement que cet après-midi nous allons bruler nos calories dans la forêt tropicale.





Nous démarrons notre balade vers une jolie petite cascade. Le site est bien aménagé avec un chemin carrossé et des panneaux partout avec des consignes de sécurité à l’américaine. Quand tu les lis, tu n’as plus qu’à faire demi-tour et rentrer chez toi et t’affaler dans ton canapé. Ils se déchargent de toutes responsabilités. Le chemin est très facile contrairement à se qui avait été annoncé. Les enfants se baignent sous la cascade parmi d’énormes créatures assises sur des rochers comme des otaries, arrivant à peine à se déplacer. Les enfants sont comme des petits somaliens que nous essayons de photographier tant bien que mal sous la cascade tellement la chair humaine déborde de tout les côtés. Des jeunes transportent des hauts parleurs portable dans leur sac à dos et mettent leur musique latino-rap au milieu des chants des oiseaux tropicaux. Quel cacophonie dans le calme de la forêt vierge.  J’ai envie de fuir. Pourtant l’endroit est magnifique mais le comportement des touristes est juste horrible. Nous continuons le beau petit sentier et arrivons dans un endroit calme ou nous arrivons à nous baigner seule hors nuisance sonore, dans une petite cascade qui à la force parfaite pour nous masser la nuque et le dos. Un spa naturel qui nous détend bien. Mis à part les touristes, c’est un bel endroit à voir.

mercredi 26 avril 2017

La voile rose...

26-4-17

Nous avançons vent arrière vers Farjardo sur l’île de Porto Rico. Yanic meurt d’envie de sortir le spi. Les conditions sont bonnes et nous sortons cette belle voile rose et violette. Nous gagnons environ une noeuds et Yanic est heureux. On s’est rendu compte qu’il était assez omnibulé par la vitesse et les mesures en général. Ses yeux sont rivés sur les instruments de navigation et le moindre changement de vitesse, de profondeur, de cap ou que sais-je encore, Yanic tire la sonnette d’alarme. C’est le contraire de moi. Je fonctionne énormément au feeling. Après une nav, j’ai d’ailleurs ma nuque en compote tellement j’ai la tête fixé vers le haut pour observer le moindre changement de direction de vent de la girouette fixée en haut du mat. Vous allez rire mais un jour, je me suis laissée surprendre par un changement de vent rien qu’avec mon nez. Nico, derrière la barre, n’avait plus qu’à corriger sa route. Pratique d’avoir un long pif. Yanic nous parle de ses rêves. « Papa, plus tard, je voudrais faire le tour du monde en voilier mais avec un voilier de course. Je voudrais faire la course en solitaire. » Il avait entendu parler d’une jeune de 13 ans partie en solitaire et ça l’a fasciné visiblement. Il se demande si dans 3 ans c’est faisable. Je vois ses yeux pétiller et je l’encourage à vivre ses rêves.




mardi 25 avril 2017

Vieques et sa bioluminescence

25-4-17

Nico se lève avec quelques courbatures à cause de sa chute d’hier. Rien de bien grave heureusement. On travaille le matin et quittons le mouillage vers les Vieques. On voudrait y faire un arrêt pour y voir la bioluminescence. Il y’a 5 sites de bioluminescence dans le monde dont 3 à Porto Rico. Ce serait dommage de rater ça. On arrive dans la baie d’Esperenza  et on y mouille devant un bateau liégeois. Nico part faire un coucou au belges du bout du monde et revient avec quelques plans à faire dans le coin. Rien de tel qu’un bon bouche à oreille pour profiter pleinement des lieux.



On met le pied à terre et on loue des kayaks pour ce soir. Je suis curieuse de voir ces effets phosphorescents.
Il est 19h30 et nous voilà parti avec nos kayaks en suivant le guide. Visiblement le kayak fille (nath, Lola et moi) n’avance pas assez vite et le guide finit par nous accrocher le kayak derrière le sien. Ca a le mérite d’être clair et on se laisse transporter les mains trainantes dans l’eau à observer ces effets lumineux. C’est surprenant. On prend le temps de se baigner et à chaque mouvement, nous sommes éclairés par cette faune planctonique microscopique. C’est leur mode de défense qui est tout simplement rechargé pendant la journée par la lumière du soleil. Magique…



lundi 24 avril 2017

Bahai Flaminco

24-4-17

Je suis passée à l’état douce à l’état salée en 2 minutes à peine. Il a fallu parcourir la baie pour trouver un endroit de débarquement et les embruns et les vagues ne m’ont pas ratée et m’ont aspergée le corps d’eau salé. Pas moyen de rester  au sec dans notre annexe. On part en famille vers l’aéroport et allons nous présenter salés aux douanes.  Ils sont charmants et même salés, nous nous sentons accueilli dans leur pays. Les paperasses sont rondement menées et on fait un petit tour dans le village. C’est calme, les rues sont désertes. Quelques maisons colorées avec des vieillards dans leur rocking chair le long des trottoirs étroits. Le soleil cogne et cet après-midi, l’appel de la plage s’impose. Entre-temps nous croisons un sympathique jeune-homme, français vivant à New-York qui vient s’échapper de cette frénésie new-yorkaises pour venir se détendre dans sa maison qu’il retape sur l’île de Culebra. On s’échange quelques bons plans à faire dans le coin et sur Porto Rico et regagnons nos bateaux pour y déjeuner.




L’après-midi nous gagnons bahia Flaminco, une belle plage de sable blanc devant une mer agitée qui déferle ses vagues sur la côte. Au grand bonheur des petits, ils se lancent dans les vagues cassantes sans trop se méfier. Je ne suis pas à l’aise du tout. Dans ma jeunesse, je me rappelle avoir fait l’expérience de me retrouver dans une vague, m’emportant dans son rouleau, comme si j’étais dans une machine à laver. Cette fois là, elle à bien voulu me recracher et j’étais plus forte qu’elle, mais j’ai eu très peur. Je vois Nico partir vers les déferlantes et les enfants le suivent. Je crie en vain de ne pas le suivre mais ils n’écoutent pas. Nico réagit et me traite de ‘mère poule’. Résultat des courses, je vois Nico sortant de l’eau en titubant et souffrant d’un horrible mal de crâne et m’envoie chercher des glaçons à l’aubette un peu plus loin. La vague l’a poussé vers le fond et comme il n’y avait pas de fond à cet endroit, la force de la vague l’a plaqué au sol et il s’est retrouvé avec un coup du lapin. Il a des picottements dans le bras et je m’inquiète un peu. Nath me rassure. Ce sont les cervicales qui ont compressé un nerf. Il n’a plus qu’à rester couché sur la plage et ne plus bouger. Je sort mon dernier ibuprofen et je pars chercher de la glace et des boissons rafraîchissantes au passage. Il va tout de suite mieux et tant mieux.

dimanche 23 avril 2017

Culebra

 Dinghy dock bar

23-4-17

Nous continuons vers l’ouest sous un vent plus soutenu et une mer plus formée. Ca nous rappelle un peu la transat. On vérifie nos bagues de safran autour des quelles Cédric et Nico ont bricolé une collerette étanche afin d’éviter des rentrées d’eau trop importantes et ça marche. Nous voyons Culebra et ses petites îles paradisiaques tout autour. Nous cherchons un mouillage à l’abri mais en tentant de rentrer dans une passe, la forte houle nous permet pas d’y entrer. Pourtant le mouillage avait l’air splendide. On fait un essai dans une autre baie de l’île mais pour la nuit, ça ne le fait pas. Pas grave, on continue jusqu’à  Ensenada Honda pour y mouiller sur un fond de vase et d’algue. Ici, nous sommes à l’abri entouré de mangroves. Nous voici dans les Spanish Islands. Je me sens à nouveau dépaysée. Un nouveau départ nous attend. On ne tarde pas à mettre le pied à terre et amarrer notre annexe devant le ‘dinghy dock’ bar. Cédric, Nath, Nico et moi prenons une sangria dans une ambiance portoricaine et essayons d’éclaircir nos plans des prochains jours.

samedi 22 avril 2017

St Thomas aux USVI

22-4-17

Un réveil matinal au USVI. Les émotions des derniers jours m’ont assommées. Il va falloir quelques bonnes nuits pour récupérer.  Pour changer, les hommes partent faire la clearance à la douane et on s’attaque à l’école. A peine installé devant les cours de math de Lola, Nico nous appelle à la VHF, en demandant de les rejoindre car nos amis les douaniers veulent nous voir en VRAI. Welcome in USA. Nous voilà partis avec les mamans et les enfants dans l’annexe jusqu’au bureau des douanes. Rebelote, photos, empreintes, questionnaires mais le tout avec le sourire et la gentillesses des gradés. Nico et Cédric les classent dans le top 5 des douaniers sympas. Cette plaisanterie nous prend à chaque fois des matinées entières. Un jour aux BVI, Nico, Vartan et Cédric ont eu la malchance de tomber sur un douanier classé top 5 des emmerdeurs. En donnant les noms des bateaux, le bateau de Vartan ‘Kéraban le têtu’ ne sonnait pas conforme. « Kéraban, like taliban? » demande-t-il. C’est cela, oui! Vartan reste calme et ne rentre pas dans son petit manège et explique tout simplement d’où provient l’idée du nom. Monsieur le douanier a des gallons sur son uniforme mais dans son cerveau c’est une autre histoire.
Nos nouvelles perspectives de voyage s’éclaircissent de jour en jour. Un des équipiers de Talitha peut déjà arriver aux Bahamas et ils attendent juste une réponse de l’autre, pour lequel il ne devrait y avoir aucun souci. Nous appelons Philippe et pour lui tout est faisable aussi. Que de bonnes nouvelles tout ça.
On repart boosté vers St Tomas pour la clearance de sortie. Nous atterrissons dans une énorme baie avec des complexes hôteliers, des rues commerçantes et de la circulation partout. Nous débarquons dans un décor américain avec de grosses voitures, un terrain de baseball, des sirènes hurlantes, des feux de signalisation jaune avec écrit en grand ‘WALK’ ou ‘DON’T WALK’ et des gros blacks partout. Ce changement de décor me dépayse et c’est ce que j’aime dans notre voyage. Dans les BVI c’était très joli, mais je n’ai pas retrouvé ce même dépaysement. C’était un beau terrain de jeu, un peu comme un parc d’attraction. Les BVI, ce sont des vacances faciles et reposantes que nous avons fortement appréciées.



vendredi 21 avril 2017

La richesse de l'amitié!

21-4-17

Au réveil, on fait travailler les enfants et partons à la nage chez Talitha. Ils sont chamboulés. Depuis la discussion des tendances des vents hier avec Vartan et Nico, Cédric est pris d’un doute et ne pense plus pouvoir monter jusqu’au Caicos et de pouvoir redescendre à St Martin. Cette nav retour contre vents et courants  jusqu’à St Martin lui semble finalement compliquée et ils se demandent ce qu’ils vont faire encore pendant 40 jours dans le coin. Surtout nous ne sommes pas du tout prêts à se quitter dans les prochains jours. Je me sens mal de les voir perdus dans leurs réflexions. Je suis tiraillée. Les portes des Bahamas se sont ouvertes pour nous et pour eux tout se referme. On ne fait un voyage comme ça qu’une seule fois et on n’a pas envie de se tromper. A l’instant où j’écris ça, certain doivent nous prendre pour de gros enfants gâtés, à devoir faire le choix de rester dans des eaux turquoises aux BVI ou dans des eaux turquoises aux Bahamas. Eh oui, que de beaux problèmes, mais ils sont là et ça ne se commande pas. Je dirais même que c’est encore plus difficile de gérer ses émotions et frustrations sur un bateau qu’à la maison. Si un psy pouvait me donner une réponse à ce phénomène? Je pense déjà l’avoir dit plusieurs fois dans mes articles mes toutes les émotions sont amplifiées, décuplées et même des fois non-maitrisables. Nous sommes devenus des âmes très sensibles. Nos sens sont peut-être trop stimulés. On n’arrive plus à se contenir. On se donne une énorme liberté d’expression. Dans ma vie d’avant, je me considérais déjà comme quelqu’un de sensible, mais plutôt derrière une carapace assez coriace, que je pouvais fermer et ouvrir quand je voulais. Ici, elle est ouverte en permanence, je pense avoir perdu la clef de son cadenas. A bon entendeur, salut!  On discute une bonne partie de la matinée avec Nath et Cédric et après quelques embrassades et petits mots d’encouragements, on trouve des solutions à nos problèmes d’enfants gâtés. On montera tous aux Bahamas ensemble quoi qu’il arrive. C’est finalement comme ça qu’il faut réfléchir. Se donner les moyens de réaliser nos rêves… Il faut faire des plans sur la commette. Il y’a finalement des solutions à tout! Je retrouve le sourire de nos fidèles compagnons de voyage et je me sens plus légère.
Entre -temps il est déjà l’heure de quitter le mouillage pour un retour à Soper’s hole et faire les clearances de sortie des BVI. Vartan, Cédric et Nico partent ensemble au ‘custom’ , Isabella, Nath et moi faisons encore quelques courses et les enfants jouent un dernier monopoly avant le départ des Kéraban.

Je suis dans le même état qu’au départ des Sea You. La gorge nouée et les larmes qui coulent. On prend encore du bon temps ensemble sur Kéraban et arrive le moment de se dire au revoir. Bordel, c’est dur! C’est comme avec les Sea You, c’est une histoire qui se termine à l’ouest mais on doit se réconforter avec l’histoire qui continuera à l’est. Lola fond en larmes. De gros sanglots qui ravivent mes larmes à moi. « Je ne verrai plus mes copines. Je veux rentrer en Suisse » me dit-elle en sanglotant. Elisa sanglote derrière le poste de pilotage et sèche ses larmes du mieux qu’elle peut et part chercher un petit lapin en peluche qu’elle offre à Lola. Encore une histoire de lapin. Heureusement que sur W4L on n’est pas superstitieux. Je vais finir par croire que les lapins à bord portent chance et bonheur. On arrive pas à se défaire physiquement. Les embrassades sont longues et fortes. Les hommes se serrent dans leurs bras, se donnent des frappes de tendresse dans le dos et ça sonne plein. Se ne sont pas des extra-terrestres, c’est sûr. Ce sont des êtres bien vivants, pleins d’affections et d’amour à partager. Des hommes qui pleurent ça existent vraiment et c’est juste très touchant à voir.


On lache nos amarres ensemble. Trois petits îlots flottants prennent un petits bout de route ensemble jusqu’à ce que la route de Kéraban se sépare de la nôtre. Encore quelques bruits des cornes de brumes et de beaux messages d’amours à la radio, et nous voilà plus qu’avec notre inséparable Allures, en route vers St’John’s pour la suite de nos aventures.  Allons-nous en faire un catamaran Franco-belge bientôt? Merci pour cette belle amitié les Kéraban…




jeudi 20 avril 2017

Cane Garden, entre joie et tristesse...

20-4-17

Une réponse quasi instantanée retenti de mon portable. Philippe nous annonce qu’il peut annuler son vol pour St Martin à faible frais et qu’il ne devrait pas  y avoir de problème pour retrouver un vol sur Nassau. Les portes des Caicos avec Talitha s’ouvrent en grands et je suis excitée à l’idée de continuer ensemble. Je prends la VHF et je passe le message à Nico qui est en train d’analyser les tendances des vents pour le retour des Caicos avec Vartan et Cédric sur Kéraban. La tendance des vents au mois de mai est malheureusement peu favorable pour redescendre. Le vent tourne vers une majorité de sud-est. Raison de plus que si Philippe change son vol pour Nassau, au lieu de 9 jours pour descendre à St Martin, on mettra 3  jours pour remonter au Bahamas. Nico se sent plus soulagé. Le soir on se retrouve tous sur la plage pour un dernier verre avec les Kéraban, Nath a préparé un curry et moi une mousse au chocolat pour garder le moral et on se fait un dernier repas tous ensemble sur Kéraban. On a tous les boules… les larmes coulent déjà. Qu’est-ce que ça va être demain?

mercredi 19 avril 2017

De St John aux US à Cane Garden à Tortola

19-04-17

Ca fait longtemps que nous n’avions plus entendu un réveil sonner. Il est 6h30 et on se prépare pour notre escale en navette sur l’île vierge américaine de St Jonh. Je pense aux New-yorkais qui nous avaient accueillis sur leur catamaran après la soirée du Foxy’s. A peine monté à bord le sujet Trump à été abordé de manière étonnante. J’ai entendu des phrases comme « Sorry, it was not my choice », « I did’nt vote for Trump ». Il fallait qu’ils montrent patte blanche avant de nous faire monter sur leur cata. C’était probablement très déculpabilisant pour eux d’aborder le sujet de cette manière. Depuis presque un an, nous sommes tellement loin de tout ça et on se rend compte comment un peuple peu souffrir de la bêtise humaine. Nous avons rencontré un bateau français qui ont décidé de boycotter les Etats-Unies et ne pas faire les Vierges américaines. Dire que les locaux de toutes ces îles n’ont même pas le droit de vote pour leur Président.
Nous embarquons dans la navette et 20 minutes plus tard on arrive à Cruz bay à St John. On se présente à l’immigration avec nos passeport et notre ESTA devant 2 guichets vides avec un 2 douaniers contents de voir arriver deux familles étrangères. Ils passent nos documents au crible et on donne les empreintes de tous nos doigts. On se croirait un peu sur une autre planète. Il pose les tampons des visas dans nos passeports et le tour est joué, nous pouvons circuler sur le territoire américain durant 90 jours. La douane que l’on craignait le plus c’est avérée la plus facile de toutes celles que nous avons déjà visitées depuis le début du voyage. Et en plus, ils sont super sympas… Extraordinaire!




Le temps de faire une petite balade dans la ville et rejoindre une petite plage de cocotiers, l’heure du retour a sonnée. Nous devons remplir les formalités pour le retour aux BVI et contre tout attente, on se fait arrêter car la date de notre entrée aux BVI ne correspond pas avec la date d’entrée du bateau. Il s’avèrerait que le douanier de Gun creek n’a pas changé la date de son tampon et est resté sur le mois de mars alors que nous y sommes rentrés le 1 avril. Il nous a fait un poisson d’avril. Il sont rigolos ces British…  par contre la douanière de Soper’s hole ne trouve pas ça drôle du tout et nous fait poiroter plus d’une heure avant de se rendre compte qu’un de ses collègues s’est trompé et nous rend enfin nos passeports.  OUF!
On rejoint nos bateaux et faisons route vers la baie de Cane Garden à Tortola. Nos estomacs se resserrent, dans 2 jours, nos amis les Kéraban les têtus terminent leur voyage et retournent sur St Martin. Cela va faire 3 mois que l’on ne se quitte plus. C’est comme quand on s’est séparé des Sea You à St Barth. La séparation sera déchirante. Il ne restera que les derniers mohicans… Talitha et Wind4Life. Ma tête explose et je suis toujours dans le flou pour la suite des aventures. Talitha partent pour les Caicos et nous ne sommes toujours pas décidés à les suivre. Nico tourne ça dans tous les sens et me démontre que de remonter au Caicos pour redescendre après sur St Martin, c’est juste une folie qui nous coutera 9 jours de nav au près, une usure du bateau tout cela 1 semaine avant une transat retour qui n’est pas la plus simple. Nico n’imagine pas arriver crevé avant de repartir pour une transat, et je le comprends. J’ai la gorge nouée et j’essaie de trouver une solution car malgré que je me prépare à quitter notre deuxième coque avec 5 membres de la famille dans les jours à venir, l’idée me fait froid dans le dos. Ce voyage on l’a fait en multicoque finalement et pour moi je n’envisage pas de nous séparer ici dans les BVI.  A vos yeux je dois passer comme une enfant gâtée et je peux le concevoir. Mais dans ce voyage, la découverte de nouveaux horizons est certes une très belle chose, mais par dessus tout, cette expérience unique d’avoir pu rencontrer des gens extraordinaires et d’avoir pu partager au quotidien nos émotions, nos états d’âmes, nos rires, nos pleurs, nos histoires, nos compétences, nos enfants, nos repas, juste notre vie de tous les jours, reste une chance et richesse inestimable que nous avons vécue et que nous vivons encore aujourd’hui. Le vide sera énorme et il faudra de nouveaux projets rapidement.




On décompte les heures. Lola passe la journée avec Linda et Elisa à jouer aux lego friends et Yanic, Gianluca et les garçons passe la journée sur la plage avec leur skim board. Le soir on mange au resto sur la plage tous ensemble et on s’offre une délicieuse petite langouste. On est décontracté et on se projète dans le retour à la vie en Europe. On fait des plans navigation avec Kéraban en automne, des city trip à Milan entre nanas, des balades en montagne en Suisse. Le rêve continuera, c’est sûr!
Je me couche à côté de Nico dans la cabine et on n’arrive pas à dormir. J’ai une boule dans le ventre et je veux m’en débarrasser. Bordel, on ne vit qu’une fois, il faut suivre Talitha jusqu’au Caicos. Je reviens sur le sujet et cette fois Nico se rend compte de l’importance de terminer ce voyage sur une belle note. Nous analysons la carte de navigation sous tous ses angles et notre seule solution de continuer notre route ensemble est de continuer jusqu’au Bahamas. La route que j’avais imaginée depuis le début de notre projet. La nuit porte conseil et demain on enverra un message à Philippe pour voir si son vol pour St Martin est remboursable.